Coucou à tous ^^ Alors voilà, comme vous le savez peut-être, il existe une édition spéciale du tome 1, en VO. A la fin de cette édition, on peut trouver une interviewe exclusive et le prologue de Pandemonium, le tome 2. Voici donc la traduction de l'interview. Désolée s'il y a de drôles de formulations etc, j'ai essayé de rester le plus fidèle possible aux mots de l'auteur. Merci de ne pas copier cette traduction, ou si vous le faites, de créditer.
Q : Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire Delirium ? L’avez-vous toujours considéré comme le premier livre d’une trilogie ?
R : L’idée de Delirium m’est venue à cause d’un essai que j’ai lu de
Gabriel Garcia Marquez, dans lequel il disait que tous les bons livres
parlaient d’amour ou de mort. Le jour suivant, alors que j’étais au
sport, sur le tapis roulant je réfléchissais à cette citation –
particulièrement à comment, et sous quelle forme, une histoire d’amour
moderne pourrait être racontée. En même temps, je regardais les
nouvelles, qui parlaient d’une grosse manifestation de grippe qui
effrayait tout le monde à l’idée de la possibilité d’une épidémie, et
j’étais émerveillée par la façon dont les gens paniquaient rapidement à
cause de ce qu’on entendait à propos de ces maladies. A un certain
point, les deux pensées – l’amour et la maladie - se sont simplement
rejointes dans mon esprit.
En ce qui concerne le fait de concevoir une trilogie, j’ai toujours
espéré être capable d’allonger l’histoire - depuis le début, je gardais
le manuscrit en cours dans un dossier sur mon ordinateur appelé « La
trilogie de l’amour ». J’avais donc une petite idée d’où l’histoire
allait me mener et comment elle allait évoluer – et heureusement,
HarperCollins m’a laissé continuer !
Q :
Delirium prend place dans un présent alternatif. Pensiez-vous que
situer la nouvelle dans un monde qui pourrait être le nôtre était plus
important que de le situer dans un endroit et à un temps moins
reconnaissable ?
R : Je voulais définitivement que le monde dans lequel se situe
Delirium soit le plus reconnaissable possible. Je pensais que ce serait
plus effrayant et plus proche pour les lecteurs ; aussi, après chaque
problème social ou financier, les sociétés peuvent se transformer très
rapidement en des endroits très restrictifs et restreints. Et, de nos
jours, nous faisons face à de nombreux problèmes sociaux et financiers !
Q :
Alors que les Etats Unis tels que vous les décrivez dans Delirium ont
dégénérés en dystopie, que se passe-t-il dans le reste du monde ?
Est-ce toujours pareil, ou d’autres pays ont-ils adopté le Protocole ?
R : Je pense que la plupart d’entre eux ne l’ont pas adopté, non ;
alors que certains d’entre eux vont bien, j’imagine que beaucoup
d’autres pays – pour des raisons économiques et environnementales –
souffrent de difficultés sociopolitiques et sont significativement
instables. Les US utiliseraient alors ces pays comme des preuves selon
lesquelles la maladie, l’amor deliria nervosa, qui se répand en
rampant, corrompt le climat social et politique. Ce serait sans aucun
doute l’une des raisons pour lesquelles ils décidèrent d’isoler les US
avec une barrière frontalière.
Q :
Avant que Lena rencontre Alex, elle veut être guérie. A cause du
Protocole, Lena a perdu sa mère et, d’une certaine façon, sa sœur.
Pourquoi voudrait-elle passer le Protocole alors qu’il l’a déjà fait
souffrir et lui a retiré les gens qu’elle aimait ?
R : En réalité, Lena n’attribue pas la mort de sa mère au Protocole,
mais à sa défaite – elle croit que sa mère était très tourmentée et
était l’esclave de ses émotions. Et même si Lena regrette la dissolution
de ce lien très fort qu’elle partageait avec sa sœur, elle ne le voit
pas comme une perte mais comme une part de la progression naturelle de
la vie : Les gens grandissent et se développent différemment. C’est le
cycle de la vie ; c’est l’ordre naturel. Et, bien sûr, le Protocole
promet de diminuer la peine causée par ces deux « pertes » - Lena a une
chance de se débarrasser de ses remords et de sa tristesse. C’est une
motivation très forte pour elle.
Q :
La meilleure amie de Lena, Hana, est un esprit libre, et se rebelle en
écoutant de la musique interdite et en allant à des fêtes avec des
garçons. Cependant, elle accepte finalement le fait d’être guérie et
choisi de ne pas résister à sa destinée comme Lena le fait. Pourquoi ?
R : Hana, comme beaucoup de gens, est un esprit libre et rebelle
seulement jusqu’à ce qu’elle atteigne le point qui demande de sacrifier
la liberté et le confort dont elle a profité toute sa vie. Beaucoup de
gens, par exemple, ont des idéaux de tolérance et de générosité qu’ils
sont incapables de garder lorsqu’ils sont testés. Et en réalité, Hana a
une vie dans cette société, d’une façon que Lena ne possède pas. Elle a
une famille. Elle a un avenir. Lena n’a rien, et a donc moins à
perdre.
Q : Les oiseaux sont un motif récurent dans Delirium. Que signifient-ils pour vous ?
R : Les oiseaux ont toujours été un symbole de liberté et de la
possibilité de s’échapper. Je pense que j’ai considéré les oiseaux comme
des créatures symboliques depuis que j’ai vu pour la première fois Le
magicien d’Oz, dans lequel Dorothy chante une chanson à propos
d’oiseaux bleu heureux capables d’aller loin après l’arc-en-ciel, et
exprime le vœu de pouvoir le faire elle aussi. Et Delirium est
thématiquement très concerné par l’idée des contraintes et de la
stabilité contre la liberté et le choix.
Q :
De nombreux chapitres de Delirium commencent par un fragment de texte
du Livre des 3 S, alors que d’autres commencent par un poème, une
citation, ou une autre chose faisant partie de la culture. Etait-il
difficile d’inventer des chansons et un corps de littérature pour cette
société ?
R : Non, c’était amusant ! A l’origine, je n’avais pas prévu d’inclure
les épigraphes ; elles étaient un outil pour moi-même, un moyen de
pénétrer plus complètement dans le paysage social et psychosocial du
livre. Mais j’ai ensuite réalisé qu’elles permettraient aussi au lecteur
d’avoir un ressentit plus large et plus profond de ce monde. C’est
toujours une lutte quand tu écris de créer un équilibre avec la
construction d’un monde; les citations et les fragments du Livre des 3 S
m’ont permis de donner de petits aperçus d’un monde plus large (sa
propagande, sa politique et sa culture intellectuelle) sans encombrer le
texte.
Q :
Il y a seulement un certain nombre de livres approuvés que les gens
peuvent lire dans le monde de Lena. Supposons que vos lectures soient
restreintes de la même façon. Quels sont les 5 livres sans lesquels vous
ne pourriez vivre ?
R : Wow. C’est tellement terrifiant de seulement l’imaginer.
Probablement : Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald, Cent ans de
solitude de Gabriel García Márquez, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
de Harper Lee, Matilda de Roald Dahl, et Harry Potter à l'école des
sorciers de J.K. Rowling.
Q :
Grace, la cousine de 6 ans de Lena, ne parle pas, mais elle comprends
beaucoup plus que ce qu’elle fait croire, et en restant silencieuse
elle s’engage déjà dans une sorte de résistance. Que pensez-vous qu’il y
aura dans le futur de Grace ? Deviendra-t-elle une autre Lena dans 11
ans ?
R : Je ne peux pas vous dire ça ! Vous devez juste continuer à lire.
Mais elle est définitivement un personnage très fort. Parfois, durant
des périodes d’oppression et de folie massives, la forme la plus
décisive de résistance est simplement la décision de ne pas s’engager.
Q :
Lena répète régulièrement qu’elle est juste une fille normale, qu’elle
n’a rien de spécial. Quelle importance cela avait-il de la
caractériser de cette manière ? Est-ce que le personnage de Lena a
changé depuis que vous en avez eu l’idée la première fois pour cette
histoire, ou saviez-vous depuis le début qui elle allait être ?
R : C’était très important pour moi que Lena se sente « comme toute
les filles » et s’identifie de cette manière. Je voulais illustrer via
son personnage le fait que personne ne peut ne pas être spécial, parce
que nous sommes complètement et totalement définis par nos choix. Lena
fait des choix extraordinaires et agit avec une intégrité et une
bravoure extraordinaires, elle devient extraordinaire.
Q :
Rédemption, transformation et sacrifice sont tous des thèmes majeurs
dans votre écriture. Est-ce que le fait d’écrire sur ces thèmes est un
choix conscient ? Pourquoi ces thèmes sont-ils importants pour vous ?
R : C’est une très bonne question. Je semble graviter vers ces trois
thèmes encore et encore. Ce n’est pas nécessairement conscient, mais je
sais que je ne suis pas intéressée par le fait d’écrire des histoires
qui ne me permettent pas d’explorer ces thèmes. Je crois que je
recherche constamment à transformer, et trouver la beauté et la paix en
la donnant aux autres. J’ai traversé des périodes très sombres dans ma
vie ; Je suppose que j’écris en partie pour indiquer le chemin pour
sortir de l’obscurité, un chemin vers la lumière, même quand moi-même je
ne l’aperçois pas.
Q :
Voici votre chance de vous poser à vous-même la question à laquelle
vous voudriez répondre. Vous avez fait beaucoup d’interviews. Qu’est-ce
que les gens ne vous ont pas demandé et que vous voudriez que les
lecteurs sachent ?
R : Oh. Vous savez, je pense qu’il est important pour les gens de
savoir que j’aime écrire et que c’est nécessaire pour moi, mais c’est
aussi difficile, et ça reste dur même si on travaille vraiment dessus -
surtout quand on travaille vraiment dessus, en réalité. Mais toute
chose qui vaille la peine d’être faite dans la vie vaut la peine qu'on
travaille pour elle je pense.